Antiquité : alarme animale et invention de la serrure
À l'image de certains animaux comme la mangouste ou la marmotte, l'homme, lui aussi d'instinct grégaire, a très tôt mis au point des procédures d'alerte afin d'avertir ses congénères en cas de danger. Cependant, l'idée même de protection de l'habitat ne commence à faire son chemin qu'avec le développement de diverses formes de propriété individuelle et collective.
Ainsi, c'est en Mésopotamie, berceau de la civilisation organisée depuis le néolithique, qu'apparaissent les premiers prototypes de serrures. Si, naguère, on se contentait de barrer la porte à l'aide d'une planche en bois, on commence désormais à fabriquer des pênes, que l'on peut faire tourner à l'aide d'une clé rudimentaire. Seul problème : avec la même clé, on peut ouvrir toutes les portes !
Ce sont donc les Romains, souhaitant protéger leurs villas construites grâce aux richesses rapportées des conquêtes et au développement de l'agriculture, qui font accomplir un bond prodigieux à la sécurité domestique. D'abord ils perfectionnent, forts de leur savoir-faire métallurgiste, les serrures importées d'Asie mineure, et fabriquent les premiers cadenas ainsi que les premiers coffres-forts.
Surtout, ils comprennent qu'avant les systèmes de verrouillage, qui peuvent toujours être contournés, la meilleure protection reste l'anticipation. Ce n'est sans doute pas un hasard si le mythe des oies du Capitole, censées selon Tite-Live avoir averti le peuple romain d'une attaque gauloise, nous est parvenu depuis le VIe siècle av. J.-C.
Peut-être d'anciens latinistes se souviendront alors de la fameuse phrase "Cave canem" ("Attention au chien"), inscrite sur le portique de bien des maisons antiques. Non contents d'avoir normalisé le système de la surveillance animale, qui prévaudra pendant plus d'un millénaire, les Romains avaient également vulgarisé une notion primordiale en termes de protection de l'habitat : la dissuasion.